mardi 19 août 2014

12- Gyantse

Nous quittons Lhassa très tôt le matin  pour nous rendre à Gyantse qui est situé au sud-ouest de Lhassa, en empruntant le Friendship Highway. Bientôt nous quittons la route asphaltée pour un chemin rocailleux, poussiéreux et étroit. Nous nous éloignons de la vallée et nous nous dirigeons vers les montagnes où nous parcourons une région aride et désertique et  longeons le lit d'une rivière asséchée.  Quelques fermes sont dispersées sur les plateaux. La vie n'est sûrement pas facile pour les habitants de cette région.

La route sillonne les montagnes jusqu'au premier col, Gampa La, situé à 4 800 mètres d'altitude. Les Jeeps que l'on  voit au loin sur la route ont l'air d'autos "matchbox" entourés de nuages de poussière.  À plusieurs reprises, je ferme les yeux en longeant les falaises car les chauffeurs dépassent d'autres voitures sur une route où il est difficile d'imaginer pouvoir circuler 2 voitures de large. Nous sommes maintenant au sommet des montagnes, le ciel est bleu, l'air très pur et tout est calme autour de nous.

Le sentier brun est le Friendship Highway
Après cet arrêt, nous redescendons jusqu'au lac Yamdrok Tso qui est de couleur turquoise.  Ce lac est sacré pour les tibétains; ils ne pêchent pas les poissons et ne boivent pas l'eau.   Cependant les chinois se chargent de les pêcher et vont les vendre à Lhassa.  C'est triste que certaines croyances religieuses empêchent les tibétains de profiter des richesses naturelles qui amélioreraient la qualité de leur vie.

Le lac Yamdrok Tso
Nous apercevons plusieurs petits villages en bordure du lac.  Les maisons sont à 2 étages, l'étage du bas étant utilisé pour les animaux et pour engranger le foin.  Chaque maison a des petits drapeaux aux 4 coins du toit de couleur blanc, bleu, vert, jaune et rouge sur lesquels sont inscrits des prières. En ce début d'automne, les paysans s'affairent à terminer le ramassage du foin dans les champs.

C'est la saison des foins à la campagne
Des ouvriers travaillent à élargir la route qui longe le lac.  Nous devons nous frayer un chemin entre les tas de gravier et les camions.  Des femmes et des hommes triment à la pelle le long de la route. Soudainement la route est bloquée  et une trentaine de Jeeps font la queue de chaque côté de la route pendant environ 30 minutes, jusqu'à ce que la route soit à nouveau praticable.

Nous recommençons l'ascension des montagnes jusqu'au 2e col, Karo La, à 5000 mètres d'altitude d'où nous avons une vue spectaculaire du glacier Nojin-Kangtsang. Nous nous arrêtons ensuite pique-niquer dans un champ dénudé d'arbre. Pas très pratique pour les filles qui ont envie de pipi, mais nous sommes des filles pleines d'ima­gination et nous avons réussi à nous créer un paravent humain.

Le col Karo La à 5,000 mètres d'altitude
Nos chauffeurs Popo, Peto et Lakpa ne sont pas très patients.  Pour éviter les camions qui encombrent la route, ils décident de prendre un raccourci à travers champs et carrières de pierres.  Ils n'avaient pas prévus rencontrer une clôture.  Ils s'apprêtaient à la défaire quand heureusement nous avons aperçu une ouverture plus loin.

Puis nous traversons un 3e col, Semi La, à 4 300 mètres d'altitude d'où nous avons une vue splendide sur le barrage hydro-électrique Mala. C'est à ce moment que notre Jeep fait des siennes et ne veut plus monter les pentes.  Nous nous arrêtons et les 3 chauffeurs sortent leurs outils et s'efforcent de régler le problème.  Nous nous demandons comment nous réussirons à nous rendre à Gyantse qui est à une heure trente de route.  Finalement leurs efforts portent fruits et nous pouvons repartir bien soulagés.


Nous arrivons à Gyantse à 17h30, tout poussiéreux et bien contents de cesser de se faire brasser.  Notre expédition n'a pas été facile mais nous avons vu des paysages spectaculaires et rencontré des paysans qui vivent dans des conditions bien difficiles.

Malgré que Gyantse soit la 3e ville en importance du Tibet, nous voyons encore dans les rues des charrettes tirées par des chevaux et des tracteurs.  La ville est peuplée par des chinois, des musulmans et des tibétains.
La propreté de notre chambre d'hôtel laisse à désirer.  L'eau froide est coupée jusqu'à 8h le lendemain matin.  Nous devons remplir le réservoir d'eau de la toilette avec la poubelle afin de tirer la chasse d'eau.  Heureusement, il y a de l'eau chaude.  Cette nuit, Pauline et moi n'avions pas découvert les douillettes rangées dans l'armoire sous la télévision et nous avons eu froid.

Nous allons visiter le monastère de Gyantse et le Kumbum (stupa).  Le Kumbum contient des sculptures logées dans des petites chapelles sur les 4 étages et est surmonté d'un dôme doré.  Pour agrémenter cette visite, François a organisé un jeu.  Nous devons découvrir la statue du roi Songsten Gampo à laquelle il a accroché une écharpe blanche contenant 3 allumettes.  L'équipe rapportant la plus grosse allumette est la gagnante.  Ensuite, nous devons le rejoindre à l'étage des yeux de la stupa, en passant par un couloir très sombre derrière un énorme bouddha.

Pauline, Nicole Magnan et moi avons été les gagnantes grâce à des indices trouvés dans notre guide de voyage et  avons obtenu une barre de chocolat Tobblerone (article rare ici).  Nous nous sommes bien amusés.

Le monastère de Gyantse et la stupa Kumbum
Au loin sur une colline, nous apercevons le Dzong de Gyantse (forteresse) datant du 14e siècle et qui fut en 1903 le siège d'une bataille mémorable entre anglais et tibétains. L'invasion britannique au Tibet fut un événement très controversé du colonialisme britannique où la supériorité technologique fut utilisée pour des intérêts financiers et politiques. 1000 soldats britanniques armés de canons, de mitraillettes et de fusils modernes attaquèrent une armée de 1500 tibétains équipés d'épées et de mousquets.

En quatre minutes, 700 soldats tibétains furent tués, en dépit d'un fétiche donné par le Dalaï Lama à chaque soldat les assurant que cela les protégerait des balles anglaises.

Sur la colline, la forteresse Dzong de Gyantse

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